Les réintégrations de salariés décidées vendredi par les juges à Soissons chez Wolber-Michelin et hier chez Alcatel mettent mal à l'aise certains spécialistes du droit social. Coup sur coup, deux décisions de justice sanctionnent des entreprises pour absence ou insuffisance de plan social. Michelin et Alcatel font désormais face au même casse-tête : réintégrer des salariés dans des entités qu'elles ne contrôlent plus : l'usine de pneus pour vélo de Wolber a été détruite, Alcatel Câble France, la filiale de l'équipementier, a été cédée.
Logique de pouvoir. De telles décisions, rares et spectaculaires bien que parfaitement prévues par le code du travail, sont qualifiées d'«arme atomique» par un juriste. «Prononcer une réintégration après avoir annulé un plan social, c'est entrer pour le juge dans une logique de pouvoir, note cet expert. C'est dire à une entreprise : Vous ne pouvez pas licencier n'importe comment. L'argent ne règle pas tout.» Dans les années 70, période de plein emploi, le juge réglait les différends entre des salariés qui s'estimaient injustement licenciés et leurs employeurs par des dommages et intérêts, parfois très élevés. «Mais les gens étaient sûrs de retrouver du travail, poursuit-il. Et l'entreprise ne perdait pas la face.» Aujourd'hui, dans un contexte de chômage de masse, ordonner des réintégrations de salariés licenciés prouve que l'emploi est plus important qu'une somme d'argent.
Cependant, pour certains juristes, ces décisions sont des «coups médiati