A Nantes
C'étaient les années baba cool. En 1972, ils sont une quinzaine, pantalons, pattes d'éph' et cheveux longs, retapant une ferme en ruine, à l'écart d'un hameau au nord de Nantes. La smala investit dans des ateliers où se façonnent jeux de cubes en bois, chevaux à bascule et canards à roulettes. La communauté s'essaye à la sérigraphie, au tissage, aux bijoux. Pas de salaire, juste une «caisse de vie» communautaire. «Aujourd'hui, c'est de l'histoire ancienne. On en a un peu marre de raconter cette vieille histoire», soupire Dominique Jalaber, l'un des six rescapés de la communauté dissoute, devenus coopérateurs. Lui est PDG du Moulin Roty, une Scop qui fait 9,7 millions d'euros de chiffre d'affaires et un résultat net de 600 000 euros. Jouets en bois et articles de puériculture composent l'essentiel de l'offre. En 1980, l'équipe passe de la forme associative à la coopérative. Elle s'installe dans une zone artisanale. Fini la campagne et l'utopie communautaire. La société se recentre sur la création et la commercialisation, et sous-traite la production à l'extérieur. D'abord auprès d'ateliers protégés dans la région Ouest. Puis à l'étranger, en Asie à partir de 1995. «Ce n'est pas un choix dicté par le réalisme économique. Simplement, on n'a pas trouvé à l'époque en France de quoi répondre en volume et en qualité à la demande accrue», affirme Frédéric Guérineau, récemment embauché à la communication. Un tiers de la fabrication est maintenu en France, finitions et emballa