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Libération
Interview

«Le nationalisme industriel de la France nous inquiète»

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publié le 17 novembre 2004 à 3h02

Après avoir évoqué une alliance des chantiers navals français et allemands, conçue sur le modèle d'Airbus dans l'aéronautique, Nicolas Sarkozy réfléchirait maintenant à la fusion d'EADS (maison mère franco-allemande d'Airbus) avec le groupe électronique de défense français Thales. Un projet dont Berlin ne veut pas, comme l'explique Klaas Hübner, député SPD (parti social-démocrate) et expert en question d'armement.

Pourquoi êtes-vous opposé à un mariage EADS-Thales ?

Nous ne souhaitons pas que le poids de la France à l'intérieur d'EADS soit supérieur à celui de l'Allemagne car nous estimons que cela serait néfaste pour l'ensemble de l'industrie de la défense allemande. Le tissu économique allemand, contrairement à celui de la France, est composé à 80 % de PME-PMI. Il est évident que les petites entreprises allemandes qui travaillent dans l'électronique militaire seront défavorisées si la partie française l'emporte. Cet interventionnisme français ne correspond pas du tout à nos méthodes. Certes, je conçois que l'Etat français, qui est encore actionnaire de Thales, ait plus d'intérêt à agir que l'Etat allemand. Mais la France doit aussi admettre que nous avons un autre système : l'Allemagne n'est pas un pays dirigiste.

A l'époque, l'Etat allemand a pourtant joué un grand rôle dans la constitution d'EADS ?

Oui, mais l'optique était totalement différente. Il n'y avait pas de poids lourds dans le domaine de l'aviation civile en Europe, et nous voulions créer un contrepoids à Boeing. D