Que concocte-t-on derrière les vitres fumées du siège parisien de Jean-Paul Gaultier ? De nouveaux modèles «très couture» et «totalement époustouflants» ? Sans doute. Mais aussi un plan social. Le président du groupe, Donald Potard, avait annoncé au début du mois qu'il travaillait «à un projet de restructuration» (Libération du 4 novembre). Et puis... plus rien. Depuis le 2 novembre, de la standardiste à la direction, la réponse ne varie pas : «Personne ne souhaite s'exprimer sur le sujet.»
Contre-feu. Mardi, l'ex-enfant terrible de la mode s'est déclaré «attristé» par la perspective de cette restructuration, alors qu'il allumait un opportun contre-feu en assurant la promo de sa collection pour La Redoute. Rien de plus sur l'avenir de sa petite entreprise (570 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2003), qui s'apprête à enregistrer, comme l'an dernier, un déficit. Elle a pourtant «un business model assez bien équilibré», selon un analyste qui s'est plongé dans ses comptes : deux grosses licences lui assurent la moitié de ses revenus, des parfums «qui rapportent beaucoup et ne coûtent rien» (1) et du prêt-à-porter. Tout pour réussir.
Mais le groupe Gaultier a multiplié les investissements depuis trois ans. Pile au moment où le secteur s'engluait dans la crise. Les annonces se sont succédé : ouvertures de treize boutiques, lancement d'une ligne d'accessoires, développement de la haute couture, acquisition et rénovation onéreuse du nouveau QG (un peu plus de 10 millions d'eur