C'est le sujet de l'année, découvert tardivement : comment mieux intégrer dans les entreprises les jeunes diplômés issus de l'immigration ? Claude Bébéar, le président d'Axa, a proposé hier au Premier ministre 24 «pistes» d'action pour «des entreprises aux couleurs de la France» (le titre du rapport). Des pistes qui dépendent surtout du bon vouloir des entreprises. Avec une mesure phare, le CV anonyme qui devrait permettre aux jeunes d'arriver au moins à décrocher un entretien d'embauche, sans être mis à l'écart à cause de leur nom. L'expérience va débuter dans le Rhône avec l'ANPE. Autre mesure, inspirée de la vogue de la notation des performances sociales des groupes, les entreprises pourraient être incitées à réaliser une photographie annuelle de leur personnel pour «mesurer l'évolution de la diversité».
Autant de mesures de bon sens, mais qui semblent un peu légères pour nombre de spécialistes de la discrimination (lire ci-contre) et pour les syndicats. Aujourd'hui en France, les jeunes issus de l'immigration sont deux à cinq fois plus touchés par le chômage que les autres. Et les politiques publiques ne semblent avoir eu guère d'effet sur ces chiffres (lire page 22). Le rapport Bébéar ne va pas jusqu'à prononcer les mots qui fâchent : discrimination positive et quotas. Ceux-là même que la fondation Montaigne, créée par le même Claude Bébéar et dirigée par Yazid Sabeg, PDG de CS Communication et Systèmes, osait mettre au débat il y a quelques semaines. Pas question d'alle