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Libération
Interview

«Une discrimination positive non assumée»

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publié le 24 novembre 2004 à 3h09

Philippe Bataille est sociologue, spécialiste de la discrimination. Pour Libération, il commente le rapport Bébéar.

Avec ce rapport sur les discriminations et la convocation pour janvier d'une grande conférence sur «l'égalité des chances», la France semble enfin s'attaquer aux inégalités ?

Tout au plus on commence à combler vingt ans de retard en la matière. Partout ailleurs en Europe, en Belgique, en Allemagne, dans les pays nordiques, les gouvernements ont mis en place de vrais dispositifs publics de lutte contre les discriminations, notamment au travail. Ici, les immigrés, ou les enfants d'immigrés, qui sont français, disent souvent qu'ils ne possèdent qu'une nationalité de papier. Le rapport Bébéar, c'est le début de la prise de conscience de ce problème de discrimination à l'échelle de l'entreprise, mais ça ne va pas beaucoup plus loin.

L'une des mesures phares proposée par le président d'Axa est de systématiser le recours au CV anonyme pour éliminer les discriminations fondées sur le nom ou le quartier d'origine.

Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne technique. Le CV anonyme relève plus du truc que de la vraie politique de lutte contre les discriminations. Il focalise l'attention sur les victimes de ces discriminations et ne remet absolument pas en cause les pratiques discriminantes des DRH ou des dirigeants racistes.

Mais le CV anonyme ne devrait-il pas permettre aux candidats d'être traités sur un pied d'égalité.

Il y a tout de même un paradoxe à dire aux jeunes is