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Libération

En Russie, un budget 2005 si loin de la réalité.

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Privilégiant le militaire aux dépens du social, il est basé sur des données peu fiables.
publié le 27 novembre 2004 à 3h11

Moscou, de notre correspondante.

«C'est l'histoire d'un homme qui rentre chez lui et déclare à sa famille : "J'ai 100 roubles, on va les partager." Alors qu'en réalité il a 120 roubles et s'en garde 20 au fond de la poche. Voilà comment se présente le budget russe 2005.» Guéorgui Boos sait de quoi il parle : vice-président du Parlement et élu du parti poutinien Russie unie, il a approuvé cette semaine le budget 2005. «Je l'ai approuvé parce que voter contre pourrait nous mener à une situation pire encore. Mais ce budget se caractérise par une sous-estimation des recettes et de l'excédent à venir, une déformation des données macroéconomiques de base.»

Enivrés par la croissance économique, qui reste à un niveau très élevé (7 % attendus cette année, 6 % l'an prochain), les députés russes ont adopté cette semaine, dans une indifférence assez générale, un budget 2005 très préoccupant pour l'avenir de la politique économique russe. Dans son équilibre général, ce budget prévoit une forte hausse des dépenses militaires (+ 18,4 %) et de sécurité et maintien de l'ordre (+16,6 %), au détriment des dépenses sociales. L'éducation voit ainsi sa part diminuer de 8,6 %, la protection de l'environnement de 15 %, tandis que les subventions fédérales aux services communaux (chauffage, électricité, eau...) chutent de 28 %.

«En 2005, la principale tâche de l'Etat sera de réprimer les protestations sociales résultant de cette politique», grince l'économiste Mikhaïl Delyaguine, conseiller du parti po