Fin de partie chez Teisseire, en proie depuis des années à une sanglante bagarre d'actionnaires familiaux. Jeudi soir, le roi du sirop en bidons a changé de mains : faute de pouvoir se mettre d'accord avec son frère aîné et son père, Eric Reynaud, patron du groupe, a décidé de vendre la majorité du capital familial à Fruité Entreprise, autre acteur tricolore du secteur des «boissons rafraîchissantes sans alcool», contrôlé par la famille Meunier. Juteuse transaction : l'acheteur débourse entre 70 et 90 millions d'euros pour se payer Teisseire (cotée au second marché de Paris), soit 12 % de mieux que le dernier cours de Bourse enregistré. Et autant de sous qui tombent dans les poches d'Eric Reynaud et de ses amis-associés, Eric Benoist et Serge Petit, également actionnaires de Teisseire.

«Dallas».

Ce dénouement imprévu (selon nos informations, le comité d'entreprise n'a pas été averti de la cession à la famille Meunier) met fin à une sorte de Dallas à la française. «En beaucoup plus cruel et en plus brutal encore», commente un salarié de la maison, témoin des déchirements du «clan» Reynaud, réputé comme «une des plus grosses galettes» de la région. Tout a vraiment commencé à déraper en 1997, quand Dominique, l'aîné des deux fils, est bombardé PDG par François, le père, pour le remplacer. Eric, le cadet, en conçoit un fort ressentiment. «Les deux garçons se sont toujours jalousés», affirme un témoin. Pour calmer le jeu, le père répartit alors le capital : 40 % pile à chacun des d