On les repère à leurs enseignes lumineuses en forme de téléphone. Elles fleurissent dans la capitale, (Belleville, Château-Rouge), en Seine-Saint-Denis, dans les grandes villes de province. On les appelle téléboutique, phonebox, callshop ou callbox. Leur business : utiliser les «tuyaux» des opérateurs de téléphone mondiaux en leur achetant, en gros, des minutes vers la Moldavie, le Mali ou l'Algérie. Pour les revendre au détail à des clients sans abonnement ou soucieux d'économies. «Il est impossible de chiffrer précisément ce marché ethnique, constitué par tous ceux qui cherchent à téléphoner loin pour pas cher, explique la Direction de la concurrence. Ça s'ouvre, ça ferme, ça dépose le bilan... C'est un secteur particulièrement volatil.»
Coincé entre un magasin de tissus africains et une épicerie, dans une rue commerçante du XVIIIe arrondissement, Tele Home ouvre sept jours sur sept. Ici, 90 % des clients téléphonent vers l'Afrique. «Avant ça marchait, explique Abdul, le patron, un Pakistanais de 45 ans. Maintenant, il y en a partout.» Il désigne les téléboutiques voisines. «Il y en a cinq sur 100 mètres. Trop de concurrence.» En quelques années, nombre de commerçants ont abandonné leurs activités traditionnelles pour débiter du lien téléphonique vers le pays d'origine. Des épiceries ont même ouvert deux ou trois cabines. D'où une féroce guerre des prix. «Là, la minute est à 15 centimes, un peu plus loin à 20. C'est la Bourse», commente Djamal, un client de 27 ans, qui appe