Conseil de prud'hommes de Nanterre, section commerce.
L'homme est assis bras et jambes croisés. Il a la quarantaine passée, des cheveux noirs en brosse, une grosse moustache. Manuel D. a «quinze ans de loyaux services dans l'automobile», dit son avocate. En 2001, la concession où il travaille comme responsable des ventes depuis un an change de direction. «Et on met en place une politique qui consiste à se séparer des anciens salariés pour en embaucher des nouveaux moins chers, poursuit l'avocate. Monsieur D. s'accroche, mais on lui reproche de mal accueillir les clients. En six mois, il va recevoir pas moins de sept lettres recommandées. On lui dit qu'il est nul. Monsieur D. craque en janvier 2003. Arrêt maladie. Lui qui n'a jamais manqué un jour de travail en quinze ans ! Son médecin estime qu'il est en dépression. Il a des tremblements. Le 19 février, il tente de se suicider. Il avale des cachets et c'est miraculeusement, parce que sa fille l'appelle à ce moment-là, qu'il sera sauvé.»
Manuel D. ne bouge pas. Il regarde droit devant lui. Il écoute. «Manuel D. trouvera sa convocation à son entretien préalable le jour de son suicide. Parce qu'évidemment, ses employeurs ne pouvaient pas savoir, continue l'avocate. Il est licencié au motif que son arrêt maladie perturbe le service. Il écrit une lettre dans laquelle il répond à son employeur, je vous lis un extrait : "Cette maladie qui est diagnostiquée comme dépression est liée au harcèlement dont je suis victime. Vous vous êtes