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Libération

La peur française

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Les turcosceptiques craignent immigration massive et délocalisations.
publié le 29 novembre 2004 à 3h12

Les Français sont contre. Emportés notamment par la peur de l'islam, 75 % d'entre eux voteraient contre l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne en cas de référendum, selon un récent sondage Louis-Harris-Libération (Libération du 12 octobre). La Commission européenne a beau avoir donné son feu vert à l'ouverture de négociations, les interrogations demeurent : droits de l'homme, démocratie, islam, mais aussi situation économique et sociale. La Turquie mettra des décennies à rattraper le niveau de développement de l'Union européenne (UE), estiment la plupart des experts. Un tiers des Turcs travaillent encore dans l'agriculture alors qu'ils sont seulement 5 % dans l'ensemble de l'Union. Ce décalage de niveau de vie suscite inévitablement des peurs, notamment celle d'une immigration massive. Un groupe de travail, mené par l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari, évoque le chiffre de 2,7 millions d'immigrants sur le long terme, soit 0,5 % de la population totale de l'Union. Autre source d'inquiétude : les délocalisations. Les entrepreneurs européens pourraient être attirés par les bas coûts de la main-d'oeuvre turque et partir s'installer là-bas.

Les turcosceptiques ont au moins le temps pour eux. Le pays est loin d'être prêt pour le long et ardu processus de négociations d'adhésion. Des réformes économiques de fond sont indispensables, tant sur le plan budgétaire ­ contenir dettes et déficit publics ­ que sur la place de l'Etat dans l'économie ou le poids de l'agricul