Menu
Libération

Une cokerie allemande un peu vite expédiée en Chine

Article réservé aux abonnés
Pour répondre au boom du marché de l'acier, un groupe de la Ruhr y relance un site, non loin de celui qu'il avait dû fermer en 2000.
publié le 30 novembre 2004 à 3h13

Dortmund, Bottrop envoyée spéciale

Les habitants de la Ruhr étaient vraiment fiers de leur cokerie. «Kaiserstuhl, c'était la cokerie la plus moderne du monde, lance Gerd Seibel. Une usine ultraperformante, et non polluante. Un bijou de haute technologie.» Aujourd'hui, il ne reste plus rien de cette splendeur passée. Des morceaux de tuyaux rouillés jonchent le sol détrempé. Les deux tours rouge et blanc qui dominaient les fours de la cokerie attendent d'être détruites. Deutsche Steinkohle AG a été obligé de fermer l'usine en 2000 après seulement huit années de fonctionnement. «Les aciéries allemandes ne voulaient plus acheter de coke allemand, explique Gerd Seibel, ingénieur en chef à Kaiserstuhl. Ils le trouvaient trop cher par rapport au coke chinois ou polonais. Alors nous n'avons pas eu le choix.» Cela n'a l'air de rien, mais c'est une denrée industrielle indispensable. Sans coke, pas d'acier (1). Et sans acier, pas d'autos. Pas de vélos. Pas de couteaux. En 1998, la Fédération de l'acier a dénoncé le contrat qui les liait aux cokeries allemandes. Cela a précipité la chute de Kaiserstuhl.

En petits morceaux. On pensait l'histoire terminée. Mais, mondialisation oblige, elle va connaître un double rebondissement. Deux après la fermeture de la cokerie, les Chinois décident, d'abord, de racheter l'usine. Il y a dix-huit mois, 250 ouvriers chinois ont débarqué sur le site, dans la banlieue de Dortmund, pour désosser intégralement la bête, et l'expédier en petits morceaux en Chin