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Libération

Sony, éternel dissident technologique

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publié le 2 décembre 2004 à 3h17

Un CD peut contenir jusqu'à 75 minutes de musique. La raison ? L'un des vice-présidents de Sony, Norio Ohga, voulait que ce nouveau support puisse accueillir l'exécution de la Neuvième de Beethoven par Wilhelm Furtwängler, la plus longue connue et qui durait 74 minutes (1). La firme japonaise imposera ce choix au début des années 80 à son partenaire Philips, codétenteur des brevets sur le disque compact.

A chaque nouvelle technologie, Sony tente d'imposer sa propre norme, et pour atteindre ses objectifs joue très souvent de son statut hybride, à la fois fabricant d'électronique, studio de cinéma et major du disque. Son obstination à se battre pour son propre «super-DVD», Blu-Ray, ­ malgré le soutien très large de nombre d'industriels et de studios à son concurrent DVD-HD ­ n'est qu'une nouvelle démonstration de sa stratégie. Le principal succès de la firme est bien sûr le CD. Pour imposer leur norme, Sony et Philips ont su utiliser les catalogues dont ils disposaient, le premier avec CBS et le second avec Polygram. La crainte de rater une technologie importante, que les deux entreprises s'apprêtaient à lancer de toute façon, a été à l'origine du ralliement des autres maisons de disques au début réticentes. Cela n'a rien d'un hasard si Sony a racheté la MGM en septembre : les catalogues du studio, couplés à ceux de Sony Pictures, donnent de la crédibilité au Blu-Ray. La firme a aussi connu de nombreux échecs : celui du Betamax face au VHS, bien sûr, mais aussi celui du Minidis