«L'Europe veut le travail sans le travailleur, estime Alain Morice, chercheur à l'unité de recherches migrations et société du CNRS. Ne pas s'encombrer de la personne, de son intégration et de sa "descendance", mais profiter de sa force de travail.» Dans plusieurs pays européens, l'octroi d'un titre de séjour est désormais lié à l'emploi.
En Espagne, le gouvernement Zapatero, le patronat et les syndicats ont signé en octobre un accord en vue de régulariser dans les mois à venir la situation des travailleurs clandestins arrivés avant juin 2004. Une condition pour obtenir ces papiers : occuper un emploi ou détenir une promesse d'embauche.
En Italie, la loi Bossi-Fini de 2002 lie l'admission d'étrangers à la possession d'un CDI ou d'un CDD long. La loi a amené la régularisation de près de 700 000 sans-papiers en moins d'un an. La moitié d'entre eux occupaient un emploi domestique : «colf», femmes de ménages, ou «badanti», aides à domicile des personnes âgées, souvent venues de l'Est et nettement moins chères que des employées italiennes. C'est justement ce secteur en forte pénurie, notamment du fait du vieillissement de la population italienne, que le gouvernement voulait tout particulièrement renflouer grâce à ces régularisations ciblées.
Avec la loi Bossi-Fini, c'est à l'employeur de faire la demande de régularisation. Il est de ce fait amnistié d'avoir illégalement fait travailler un sans-papiers. Et en cas de rupture du contrat, si le travailleur étranger ne retrouve pas rapid