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Sans papiers et sans Smic

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Prêts à tout accepter, et souvent surqualifiés pour les postes qu'ils occupent en France, les sans-papiers représentent une force économique à bas prix.
publié le 6 décembre 2004 à 3h19

Marseille envoyée spéciale

Elle a préféré s'appeler «Chantal». «Je suis sans-papiers, si en plus je leur dis que je m'appelle Fatima...» La première fois qu'elle a trouvé un travail à Marseille, plusieurs mois après sa venue d'Algérie il y a trois ans, elle n'a pas discuté le salaire. «Je devais être serveuse dans un snack. Mais la propriétaire m'en demandait toujours plus : j'arrivais dès 8 heures pour faire la cuisine, le ménage. Je gardais ses enfants. Et ne repartais qu'à 23 heures.» Fatima a quitté le snack et n'a jamais été payée. Cinq mois de travail pour rien. Aujourd'hui, elle se rend plusieurs fois par semaine chez un couple de centenaires, «qui savent que je suis sans-papiers et m'ont laissé le double des clés». Elle prépare les repas, fait le ménage, la conversation. «Je gagne enfin ma vie: cinq cents euros par mois, pour 18 heures de travail par semaine.» En Algérie, Fatima était informaticienne.

Prêts à tout accepter, et souvent surqualifiés pour les postes qu'ils occupent en France, la grande majorité des sans-papiers travaillent. On estime généralement leur taux de chômage plus proche de celui des Français (moins de 10 %) que de celui des étrangers en situation régulière (plus de 20 %). Prêt-à-porter féminin dans le Sentier parisien, production des fruits et légumes dans les Bouches-du-Rhône... ces secteurs, grands consommateurs de main-d'oeuvre, reposent, selon plusieurs experts, sur le travail des étrangers en situation irrégulière. Non pas grâce à leur nombr