Bordeaux correspondance
Des viticulteurs, des courtiers, des négociants, des ouvriers: des milliers de personnes sont descendues hier dans les rues de sept villes de France pour exprimer leur exaspération face aux campagnes publicitaires contre le vin et réclamer un plan gouvernemental face à la crise du secteur. Les principaux rassemblements se sont tenus à Avignon, Mâcon et Bordeaux, où ils étaient 6 000 selon la police. La dernière campagne du ministère de la Santé contre l'alcoolisme a du mal à passer. «Nous sommes las d'être stigmatisés, déconsidérés», lance, juché sur un camion, Alain Vironneau, président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
Les viticulteurs sont confrontés à une baisse de 3 % de la consommation française cette année. Parmi les problèmes, identifiés de longue date : la surproduction chronique du vignoble français, des faiblesses structurelles à l'exportation (comme la complexité de l'offre) et le manque de qualité de certains vins, pourtant dotés d'une AOC.
Derrière les invectives, ce sont des situations personnelles qui traduisent la crise. Véronique, par exemple, propriétaire de 16 ha en premières côtes de Blaye. Le négociant qui distribuait sa récolte s'est volatilisé. «Il nous laisse une ardoise de 18 300 euros. Ça va pas être facile.» Hélène, elle, a jeté l'éponge. Autour du cou, une pancarte sans équivoque : «Arrachez la vigne, plantez du cannabis, ça paye plus.» A 49 ans, cette viticultrice en appellation Bordeaux s'interroge : «La reconversion ? Ma