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Libération

«Obligé de dire oui, sinon il ne rappelait pas»

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publié le 13 décembre 2004 à 3h26

Georges est arrivé d'Algérie en septembre 2001. Sans papiers, il gère la pizzeria de son patron.

«En Algérie, j'avais suivi des études d'ingénieur en géologie. Mais j'ai pris peur face à la répression menée contre les Kabyles. Et j'ai débarqué en France avec un visa touristique d'un mois. Je savais que j'allais y rester plus longtemps... J'ai logé dans un "hôtel" de la banlieue parisienne, fermé pour raisons fiscales, que le propriétaire louait en secret. A l'intérieur, rien que des sans-papiers et des cafards. 2 200 francs (330 euros) la chambre de 14 mètres carrés pour deux. Un cousin, demandeur d'asile politique, a obtenu ses papiers. Il a alors eu droit au RMI et m'a mis en contact avec son ancien patron, propriétaire d'une petite pizzeria : seul le livreur était déclaré ­ car il pouvait se faire arrêter par la police sur sa Mob ­, les trois autres employés étaient sans papiers. Je distribuais 10 kg de prospectus sur 30 kilomètres par jour, de 8 heures à midi et de 14 à 19 heures. Pour 40 euros.

«Mon employeur me demandait de plus en plus de services : nettoyer la pizzeria, répondre au téléphone, prendre les commandes, faire la pâte à pizza le matin, la plonge le soir. J'étais obligé de dire oui, sinon il ne me rappellerait pas. Je finissais de plus en plus souvent à minuit. S'il était de bonne humeur, il me laissait parfois un billet.

«Un jour, je tenais seul sa boutique quand des inspecteurs du travail et des policiers ont débarqué. Ils m'ont pris pour le gérant. "Vous n'