Fumian envoyé spécial
Difficile de ne pas remarquer l'étrange ballet : tout au long de la journée, des porteurs de piles de pantalons passent de maison en maison dans les rues poussiéreuses de la petite ville de Fumian, dans l'est de la province chinoise du Guangxi.
Cette bourgade de quelques dizaines de milliers d'âmes, autrefois rurale, s'est lancée dans un autre type de monoproduction comme la Chine en a le secret : les pantalons. Dans la rue principale, une maison sur deux est un atelier dans lequel travaillent une dizaine d'ouvriers, et les pantalons prêts à livrer s'entassent sur le trottoir défoncé. De gros camions déversent des ballots de tissu, que des portefaix transportent ensuite sur des charrettes.
Machines mécaniques. Mais, quand on s'enfonce dans les ruelles, on se rend compte que cette activité ne s'arrête pas là. Dans chaque maison se trouve une machine à coudre mécanique à l'ancienne. Cette femme âgée, surprise en train d'éplucher ses légumes avant le déjeuner, coud à longueur de journée les poches des pantalons que lui livre un des fabricants de la ville. Sa voisine ou son fils cousent les ourlets, et ainsi de suite pour chaque habitant enrôlé dans une immense chaîne de production informelle et éclatée. Leur salaire : quelques centimes par pantalon, soit quelques dizaines de yuans (10 yuans valent un euro) par mois, de quoi permettre à une communauté rurale de quitter la misère d'une agriculture primitive pour disposer de revenus un peu plus stables. Nul ne s