Ça n'a pas été spectaculaire. Il y a quelques semaines, des huissiers de justice se sont rendus au siège de Cerruti pour annoncer aux dirigeants que des ex-salariés avaient «opéré une saisie conservatoire sur la marque». Une procédure qui suit l'ordonnance rendue le 28 septembre par le président du tribunal de grande instance de Paris. Et un gage pour assurer le paiement des dommages et intérêts qu'un groupe doit aux salariés qu'il a salement licenciés. «A ma connaissance, jamais des salariés n'avaient saisi la marque de leur employeur, note Anne Messas, avocate spécialisée en propriété intellectuelle. La saisie de marque est une procédure méconnue et complexe à mettre en oeuvre. Mais dans le cas de Cerruti, cette arme est une menace redoutable. Si ses dirigeants ne plient pas, la marque pourra être vendue aux enchères, comme on le fait pour les machines ou les meubles saisis dans une entreprise endettée. Or, pour ce groupe de luxe, le nom représente quasiment tout le fond de commerce.»
Déplorables. L'affaire traîne depuis trois ans. Depuis que le vieux Nino Cerruti a vendu, en juin 2001, sa maison de prêt-à-porter de luxe au groupe financier italo-luxembourgeois Fin.Part. La holding parie sur la vente de licences plutôt que sur la production. Et décide de fermer l'atelier de création parisien. A la veille de Noël, les salariés apprennent qu'un plan social est prévu : 32 postes sur 83 sont supprimés dans des conditions déplorables. Depuis, stylistes, patronnières et modéliste