Et si ce bon vieux Crédit mutuel se découvrait des appétits de raider ? En prenant, sans avertir personne, 15 % du capital des Galeries Lafayette (Libération du 18 décembre), la banque jure que ses «intentions» ne sont «pas du tout hostiles» à l'égard de Philippe Lemoine et Philippe Houzé, les deux coprésidents du groupe de grands magasins. Au fil d'un entretien paru hier matin dans le quotidien les Echos, Michel Lucas, le patron du Crédit mutuel-CIC, tombe le masque : c'est lui qui a demandé à la banque d'affaires Lehman Brothers de racheter pour le compte de son groupe les 15 % qu'elle a ramassés fiévreusement sur le marché ces derniers jours. Et claquant au passage près de 330 millions d'euros pour développer avec son nouvel ami «un large champ de partenariats possibles», notamment dans la distribution de services financiers.

Pourtant, peu coutumier des raids boursiers, le Crédit mutuel a pensé son coup avant de s'inviter au tour de table des familles Meyer et Moulin, fondatrices des Galeries. Celles-ci, qui contrôlent 76 % des droits de vote de la maison, ont sur le papier largement de quoi s'opposer à toute prise de contrôle hostile. Ce qui n'empêche pas Lucas de prendre date : lors de la prochaine assemblée générale du groupe, au printemps prochain, la banque assaillante «sollicitera» auprès d'Houzé et de Lemoine la nomination de deux de ses administrateurs au conseil du groupe Galeries Lafayette. Et pour mettre un peu plus de pression, le Crédit mutuel se dit prêt à mo