Bogota, de notre correspondant.
La virée aura duré un peu plus d'une demi-heure, sur des avenues de maisons de brique de quelques étages et des rues mal pavées, surchargées de décorations de Noël. Le petit bus floqué aux couleurs de Carrefour a ramassé gratuitement les habitants du 20 de Julio, quartier populaire de Bogota, au son de la musique de fête typique des fins d'année colombiennes. Les passagers l'ont arrêté d'un geste de la main, au coin d'une rue ou d'un parc, pour partir faire leurs courses dans la chaîne française. «Grâce aux bus, on peut faire son marché tous les jours sans payer de transport», commente un habitué en montant.
Ce ramassage commercial, inauguré il y a près d'un an et demi, a permis au grand distributeur de s'implanter dans ce secteur de classes modestes, longtemps délaissé par ses concurrents locaux. «Au début, raconte un cadre, les gens s'imaginaient qu'une chaîne française était forcément luxueuse, et qu'on allait presque leur faire payer l'entrée.»
La multinationale, qui possède treize hypermarchés dans le pays, s'est donc efforcée de se «colombianiser». Dans le Carrefour du 20 de Julio, les publicités s'égrènent sur un air de vallenato, musique de la côte caraïbe, et des affiches promettent que «tout le monde profitera des buñuelos et de la natilla», les friandises de Noël locales, grâce aux promotions maison. Mais, six jours avant le réveillon, les clients se consacrent encore aux courses quotidiennes, dans des minichariots à la taille des enfa