H & M sacré roi du poker menteur. Confronté depuis lundi au blocage de son entrepôt du Bourget, le groupe suédois a organisé en douce la contre-attaque. En coupant les vivres aux 65 magasins du pays, la centaine de grévistes comptait obliger la direction à ouvrir des négociations salariales. C'est raté. H & M a assigné 72 salariés en référé pour «entrave au travail». Et a refusé, mardi, la médiation proposée par le préfet de Seine-Saint-Denis. La marque aurait-elle des velléités suicidaires ? «Pas du tout, mais des livraisons venues de pays limitrophes nous ont permis de rétablir nos stocks», déclare-t-on évasivement au siège. Sans préciser comment H & M s'y est pris pour se passer, en quelques jours, de son unique entrepôt français.
Hier, les syndicats ont percé le mystère. «Nous avons des taupes parmi les non-grévistes, qui nous ont donné les coordonnées d'un entrepôt situé à Santeny, dans le Val-de-Marne», raconte Jules Pelmar, délégué CGT. Immédiatement, cinq des grévistes se sont rendus sur place. Ont parlementé avec les vigiles. Puis rencontré le directeur du site. «Il a été plutôt conciliant, poursuit Jules Pelmar. Il nous a offert un café, nous a expliqué qu'il assurait la logistique de H & M depuis vendredi, et nous a fait visiter.» Les grévistes sont ressortis perplexes : «Il y a l'équivalent de 5 ou 6 semi-remorques déchargés. On dirait un dépôt sauvage, les marchandises sont disposées en vrac sur les palettes. Mais ça confirme ce qu'on pensait : la direction a déc