Eric Kraus est stratégiste en chef pour la société d'investissement Sovlink, basée à Moscou. Il revient sur les derniers développements de l'affaire Ioukos.
L'acquisition de Iouganskneftegaz par Rosneft équivaut-elle à une nationalisation ?
De facto, oui, car Rosneft est une société d'Etat : si elle achète un bien, celui-ci devient automatiquement un bien d'Etat. A l'origine, c'est Gazprom, soutenue par des banques occidentales, qui devait acquérir Iouganskneftegaz. Mais suite à la décision du tribunal de Houston [demandant une suspension de la vente, ndlr], l'Etat a été obligé de remplacer Gazprom par une société écran, Baikalfinansgroup, que Rosneft a ensuite achetée. Gazprom et Rosneft fusionneront ensuite probablement comme prévu, et les actifs de Ioukos iront donc dans le secteur mixte, puisque Gazprom appartient à 51 % à l'Etat.
Ce dénouement vous semble-t-il surprenant ?
Non. L'Etat avait annoncé qu'il voulait créer un champion national de l'industrie pétrolière. Ce dernier réunira probablement Gazprom, Rosneft, Iouganskneftegaz, et éventuellement Sibneft qui est à vendre en ce moment.
Une participation de la Chine à l'exploitation de Iouganskneftegaz, envisagée par Poutine, est-elle possible ?
Oui, car les Asiatiques sont très désireux d'avoir accès aux ressources naturelles russes, et sont en général plus pragmatiques et plus conciliants que l'Occident.
La vente de Iouganskneftegaz pourrait-elle refroidir les investisseurs étrangers ?
Certainement pas dans le secteur des hy