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Libération

Ricard accusé d'être arrosé par l'argent de la drogue

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Selon la Colombie, le français vendrait ses alcools aux narcotrafiquants.
publié le 27 décembre 2004 à 3h38

Bogota, de notre correspondant.

Une partie de l'argent de la drogue termine dans les caisses des multinationales de l'alcool. C'est l'accusation lancée par l'Etat colombien dans une plainte pour concurrence déloyale contre trois géants du secteur : Pernod-Ricard, Diageo et Seagram. Depuis «au moins deux décennies», ces entreprises vendraient en contrebande leurs whiskies, rhums et autres liqueurs à des narcotrafiquants, qui leur assureraient de meilleures marges qu'un distributeur légal. Ce négoce expliquerait l'énorme part de marché gagnée par le trafic d'alcool en Colombie : plus de huit whiskies servis sur dix entreraient en fraude. Le déferlement aurait affecté la production locale et les départements colombiens qui en détiennent le monopole.

Le mécanisme de blanchiment des narcodollars est détaillé dans un document de plus de 180 pages, présenté devant un juge de New York début octobre. A la source, l'argent de la cocaïne colombienne vendue aux Etats-Unis est rapatrié, en petites sommes, par des titulaires de comptes américains surnommés smurfs («schtroumpfs»). Leurs chèques terminent dans les coffres de sociétés écrans sur le paradis fiscal d'Aruba, à 160 kilomètres de la côte colombienne. Ces mêmes sociétés achèteraient ensuite aux multinationales leurs chargements de Chivas ou Bacardi, pour en revendre la plus grande partie en fraude.

Rencontres. D'après la plainte, Pernod et compagnie savent parfaitement à qui ils ont affaire. Certains de leurs employés auraient même r