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Libération
Interview

«Lula fait la joie des marchés financiers»

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publié le 5 janvier 2005 à 23h24

Sao Paulo de notre correspondante

Luis Nassif est directeur de l'agence d'information financière Dinheiro Vivo et éditorialiste à la Folha de Sao Paulo. Il critique le bilan des deux premières années de Lula à la tête du Brésil (Libération de lundi).

Vous êtes l'un des nombreux détracteurs de la politique économique de Lula, qui vont de la gauche aux industriels. Que lui reprochez-vous ?

Son excès d'orthodoxie. La clé de voûte est le taux d'intérêt de base qui balise le coût du crédit pratiqué par les banques. Ce taux, dont la hausse permet de contrôler l'inflation mais alourdit le poids de la dette, déjà explosive (que l'ex-président Cardoso a léguée à Lula, ndlr), est aujourd'hui l'un des plus élevés au monde (17,75 %). Or, la Banque centrale le maintient tel quel ou l'élève, même quand cela n'est pas nécessaire !

Cela fait la joie des marchés financiers, créanciers de l'Etat, mais met en péril la croissance (+ 5,3% entre janvier et septembre, un record depuis 1995, et au moins 5 % prévus pour toute l'année). Au départ, cette croissance était surtout due au boom des exportations, dopées par la dévalorisation du real et une conjoncture exceptionnelle. Mais si exporter est essentiel pour réduire notre dépendance aux capitaux étrangers, il faut aussi renforcer le marché intérieur, pour se blinder contre les aléas de l'économie mondiale. Or, dès que la demande interne a repris, le taux d'intérêt a été relevé afin d'éviter une hausse des prix. Certes, il faut contrôler l'inflation