«C'est tout frais ici. Ils viennent de refaire les peintures et il n'y a qu'une employée...» Ils sont une quarantaine de militants à faire le tour des locaux flambant neuf d'Ingeus, société australienne chargée par l'Unedic de reclasser des personnes sans emploi. Les associations de chômeurs AC ! et Apeis, la Coordination des intermittents et précaires, la CNT et des militants de la CGT chômage ont envahi, hier à 16 heures, l'immeuble proche de la gare Saint-Lazare à Paris. Pour en repartir deux heures plus tard. Motif de la mobilisation : le recours à une entreprise privée pour le suivi de 6 000 demandeurs d'emploi, une mission jusqu'ici dévolue à l'ANPE. Et cela alors que la loi Borloo prévoyant la fin du monopole de placement de l'ANPE n'a pas encore été mise en oeuvre.
Dans le bureau de Jean-Louis Tauzin, le directeur général d'Ingeus, les militants affichent leurs tracts et égrènent leurs inquiétudes. «On est en train de soumettre le service public à la loi du marché !» «C'est notre argent, celui de l'Unedic, qui va permettre à votre boîte de faire du profit...» L'ANPE confiera à Ingeus des demandeurs d'emploi susceptibles d'entrer dans un chômage de longue durée. L'Unedic versera à la société spécialisée dans le reclassement 2 800 euros par chômeur pris en charge. Si au bout de dix mois Ingeus ne lui a pas trouvé d'emploi, elle le renverra vers l'ANPE. A chaque embauche, Ingeus touchera 300 euros supplémentaires. Puis 600 euros si l'ex-demandeur d'emploi est en poste tr