Patron de Saint-Gobain, président du corps des Mines, Jean-Louis Beffa, 63 ans, est un curieux animal dans le monde du CAC 40. Farouchement étatiste, mais libéral par certains côtés, il est depuis longtemps l'ardent défenseur d'un retour de la politique industrielle. Avec l'annonce, mardi, par le président de la République du lancement de l'Agence pour l'innovation industrielle, le voilà comblé. Entretien.
Le groupe de travail que vous avez présidé appelle à la réhabilitation de l'Etat-stratège en matière industrielle. N'est-ce pas un retour aux années 70 ?
Non. Les modalités sont totalement différentes. Les grands programmes industriels des années 70 reposaient sur trois piliers : une entreprise nationalisée, des financements étatiques et des commandes publiques. Aujourd'hui, il ne s'agit plus de cela. L'Agence pour l'innovation industrielle a pour but de distribuer une aide d'Etat remboursable sur des projets ciblés, développés par de grands groupes, notamment privés, en association avec des PME et des centres de recherche publics.
Pourquoi les multinationales auraient-elles besoin d'une aide de l'Etat pour financer leur propre innovation ?
L'Etat apporte un rôle assurantiel. En mutualisant ses sources de financement et donc sa prise de risques, l'entreprise privée peut plus facilement se lancer dans d'ambitieux projets technologiques. Et donc construire des positions d'avenir, le tout au service de l'emploi.
Pourtant aujourd'hui les grandes entreprises n'ont pas de soucis fina