Dans la longue histoire des volumineux rapports commandés par un gouvernement et aussitôt balancés à la poubelle, celui du groupe de travail présidé par Jean-Louis Beffa, le patron de Saint-Gobain, a un destin pour le moins original. A peine terminé, pas encore imprimé (il sera officiellement remis le 15 janvier), mais déjà mis en application. Mardi, le président de la République a annoncé le lancement de sa principale recommandation : une Agence pour l'innovation industrielle destinée à redonner une nouvelle jeunesse au concept de politique industrielle. Hier, manifestement bousculé par l'accélération de ce calendrier politique, Jean-Louis Beffa a tenu à préciser le contenu de son rapport.
Nouvelle voie. Depuis un hôtel parisien et entouré d'une grande partie du groupe de travail (dont deux syndicalistes de la CGT et de la CFDT, plusieurs économistes et quelques patrons), Beffa a donné l'impression d'enfourcher la machine à remonter le temps. Et de revenir aux bonnes vieilles années 70. On le savait colbertiste et partisan d'un Etat interventionniste. L'assemblée n'a pas été déçue. Le patron de Saint-Gobain s'est livré à une apologie de l'Etat-stratège en matière industrielle à en faire rougir de plaisir un marxiste. S'il se défend de ressusciter le modèle des années 70, son projet est bien de redonner à la puissance publique les moyens financiers d'orienter les choix d'investissement des grandes firmes. Afin de spécialiser l'économie française sur les créneaux technologique