Les bénéfices s'accumulent, les caisses des grandes entreprises françaises sont pleines à craquer. Toutefois, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour l'économie en est une pour leurs seuls actionnaires. En effet, plutôt que d'investir ou d'embaucher ce qu'on pourrait attendre d'elles , les firmes préfèrent distribuer à tour de bras des dividendes exceptionnels et racheter leurs propres actions. Vendredi, c'était Bouygues et Unibail qui gratifiaient leurs actionnaires d'un «superdividende» (lire ci-contre). Dans le même temps, l'investissement en France ne décolle pas et la croissance s'enraye.
«Aversion au risque». Cette situation pour le moins paradoxale commence à alarmer les économistes et même les milieux financiers. Elle dévoile un «capitalisme sans projet» (selon l'expression de Patrick Artus, responsable des études chez Ixis, la banque d'investissement des caisses d'épargne). Pour Cheuvreux, une entreprise d'investissement, membre du groupe Crédit Agricole, les groupes français sont sous l'emprise d'une «aversion au risque» et ont une manière «frileuse» d'utiliser l'argent qu'elles amassent. Se met ainsi en place une économie de rente, un capitalisme figé, en boucle sur lui-même, obnubilé par la réduction des coûts et oublieux de l'innovation.
Et pourtant, les entreprises ont largement de quoi investir. Déjà, en 2003, les bénéfices avaient atteint des sommets. L'année 2004 amplifie la tendance, conséquence des plans de restructuration mis en place ces dernières