Excédent commercial record d'un côté, retour au déficit de l'autre : l'Allemagne et la France empruntent des chemins opposés. Pour la première, des exportations en plein boom, un surplus de 155,2 milliards d'euros en 2004, record historique, selon les chiffres officiels de mardi. Pour la seconde, un commerce qui patine, un solde négatif attendu entre 5 et 6 milliards d'euros (5,7 milliards d'euros entre janvier et novembre). Comment expliquer un tel écart entre ces deux voisins, dont on disait qu'ils seraient tous deux victimes de l'euro fort ? Eléments d'explications.
Industrie contre tertiaire.
«La France et l'Allemagne sont deux économies qui divergent de plus en plus», estime Emmanuel Ferry, économiste à la société de Bourse Exane BNP Paribas, qui décrit «deux phénomènes opposés». L'Allemagne, «une économie industrielle qui se bat pour exporter», et la France qui, à l'inverse, «se désindustrialise à grands pas». Du coup, la croissance de l'Allemagne est tirée par les exportations, tandis que celle de la France est emmenée par la consommation. Selon ce spécialiste de la zone euro, la situation est préoccupante à long terme : «La France se spécialise dans le tertiaire à faible valeur ajoutée, comme l'hôtellerie ou le tourisme, qui crée des emplois faiblement rémunérés. Elle devient une économie de bazar, une économie d'importation de produits bon marché en provenance d'Asie, ce qui incite le peu d'industrie qui reste à se délocaliser.»
Machine-outil, la botte secrète allemand