Conseil de prud'hommes de Paris, audience de départage.
La présidente accueille d'un froncement de sourcils les deux avocats qui se dirigent vers elle. «Je vous demanderai d'être extrêmement succincts puisque, de toute façon, nous avons les dossiers et nous savons lire. Je vous donne cinq minutes chacun.»
Le premier avocat se lance. «Je représente Monsieur Eric M. Monsieur M. était GO au Club Méditerranée en Israël en 1995. Le 15 juin 1995, son club a été la cible de tirs de roquette du Hezbollah libanais. Le club a été évacué trois jours. Puis l'activité a repris, comme si de rien n'était. Huit jours après, nouvelle attaque de roquette. Un GO a été tué, deux autres blessés grièvement, dont mon client. Monsieur M. a été soigné, puis indemnisé normalement de cet accident du travail. Aujourd'hui, il vient demander réparation pour le danger que lui a fait courir le Club Méditerranée. Son employeur n'avait pas le droit, après la première attaque et dans une période de conflit, de le maintenir sur son lieu de travail. Le Club Méditerranée n'a pas respecté l'article L 230-2 du code du travail, qui impose l'obligation de sécurité générale des conditions de travail.»
Eric M. est assis derrière son avocat, en retrait. Il a la trentaine, les épaules carrées, les cheveux châtains coiffés en brosse. Il regarde ses pieds. L'avocat de la défense prend la parole. Il parle fort, serre les poings. «Je viens plaider l'incompétence du conseil de prud'hommes. Votre conseil n'est compétent que sur