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Travaïe!

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A travers leurs oeuvres, de jeunes artistes contemporains sondent le monde du travail pour le remettre à sa place. Et le désacraliser.
publié le 31 janvier 2005 à 0h14
(mis à jour le 31 janvier 2005 à 0h14)

Etant sur le point de finir une carrière de RMiste, âgée de 30 ans, je désire rentrer dans la vie sociale, auriez-vous l'obligeance de me dire comment je dois faire.» C'est une pancarte perdue dans un univers de bureau, maillage fantomatique de fils métalliques. En bas de la pancarte : «Merci de me croire.» C'est une oeuvre de Tatiana Trouvé (1), qui développe depuis 1997 son bureau à elle, le «Bureau d'activités implicites». «Une structure qui cherche à produire à partir de l'improductivité», dit l'artiste (2). Vocabulaire de l'entreprise utilisé et détourné. Loin de s'opposer, les mondes de l'art et du travail se nourrissent, se pillent et s'interrogent avec de jeunes artistes qui font lien. Julien Prévieux, par exemple, répond à des annonces d'emploi par des lettres de non-motivation (lire page II). Une manière symbolique de remettre le travail à sa place. De le désacraliser. «La question du travail, de sa centralité, de sa fonction, du sens qu'il est supposé donner à notre vie est plus que jamais présente aujourd'hui», dit Martin Le Chevallier. Dans une vidéo interactive montrée en ce moment à la galerie Maisonneuve à Paris, l'artiste met en scène Oblomov, personnage qui ne veut pas travailler.

En tournant autour du travail, les jeunes créateurs prouvent aussi que la vie d'un artiste n'est parfois guère différente de celle d'un intérimaire. Incertitude, précarité, petits boulots. «Les activités de la création artistique ne sont plus l'envers frivole du travail, dit le soc