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Libération

Vigne: on ne s'arrache pas les subventions pour arracher

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A Bordeaux, échec des incitations financières pour lutter contre la surproduction.
publié le 31 janvier 2005 à 0h15

Bordeaux correspondance

Ce devait être une des mesures pour sauver une filière frappée de surproduction. Ce sera au final une ridicule rustine : 200 viticulteurs prêts à arracher leurs vignes, à peine 200 hectares. Une goutte d'eau, comparée aux 9 000 exploitants et aux 125 000 hectares de vigne que compte la Gironde. Les viticulteurs ont jusqu'à ce soir, dernier délai, pour déposer à l'Onivins (1) leur dossier d'arrachage. Une mesure radicale qui a du mal à prendre. «Sur le papier, c'est bien. Dans la réalité, on n'y arrivera pas», lâche Jean-François Bertran de Balanda, délégué régional de l'Onivins à Bordeaux. On est bien loin de la grande purge souhaitée par le CIVB, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, qui table sur un objectif d'arrachage de 10 000 hectares dans un délai de quatre ans.

«Plutôt crever». Mais arracher la vigne relève du sacrilège. «C'est comme si on s'arrachait un bras. Plutôt crever. On n'en veut pas de cette mesure. On n'a aucune envie de voir nos vignes transformées en terrains à bâtir», tempête Patrick Tauzin, viticulteur dans le sud de la Gironde. «C'est un aveu d'échec», reconnaît Christian Delpeuch, le président du CIVB. Les incitations financières seraient loin d'être alléchantes. La prime européenne, 6 300 euros par hectare, est «insuffisante». Celle des collectivités locales (4 500 euros), «trop restrictive». Pour en bénéficier, il faut avoir plus de 55 ans et moins de 5 hectares. Le conseil régional, qui juge le CIVB «trop gourmand»