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Libération
Interview

La solution ? Ne rien faire

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publié le 3 février 2005 à 0h20

Maître de conférences en économie à l'université Paris-XI, Fabrice Rochelandet travaille notamment sur la diffusion des technologies de l'information, leur usage et le droit d'auteur. Il mène actuellement une étude sur les pratiques de copiage des Français, en partenariat avec l'association UFC-Que choisir.

Les producteurs estiment qu'il n'y a «pas d'autre choix» que d'attaquer les internautes pour sauver la filière musicale. Qu'en pensez-vous ?

C'est un pari très risqué d'attaquer en justice les particuliers et de tenter de brider les échanges sur les réseaux peer-to-peer (P2P). On risque d'éliminer une innovation importante car le P2P répond à un changement dans les modes de consommation, dans les pratiques culturelles. Le succès de cette technologie symbolise un changement de fond dans les usages et accompagne la fragmentation des goûts musicaux des gens. Et elle donne accès à une diversité beaucoup plus complète que les sites payants. A l'heure où l'on parle de diversité culturelle, c'est très important. Le débat est beaucoup plus complexe que ce que les producteurs de disques veulent laisser entendre. Les études tentant d'analyser la relation entre baisse des ventes de disques et usage du P2P sont contradictoires, et souvent peu probantes. Peut-être que les gens qui piratent en ligne n'achèteraient pas, même si le P2P était supprimé. Il faut étudier l'irruption des échanges numériques sans a priori et analyser toutes les hypothèses. Car si l'on prend de mauvaises décision