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Libération

La télé sert la soupe

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Avec «Oui chef!» sur M6, les apprentis cuisiniers sont des stars. Les patrons, à la recherche de bras, sont ravis. Les écoles regrettent l'image caricaturale.
publié le 7 février 2005 à 0h25

La toque a failli lui en tomber du crâne. «Pas un "émincé de Juliette", bon sang, une "julienne" !» Alors que l'ultime épisode de Oui chef !, la dernière émission de télé-réalité de M6, a été diffusé jeudi, on est sûr d'une chose : l'apprentissage, c'est pour les profs qu'il a été le plus éprouvant. La mission était ardue : pas de nouvelles stars à rechercher, mais des jeunes en échec scolaire à rendre «employables». En quatre mois, donner une formation de cuisinier à neuf jeunes, dont certains n'avaient jamais dîné dans un restaurant... Les plus persévérants ont empoché un CDI dans l'établissement, créé pour l'occasion, par le chef Cyril Lignac, 27 ans et star de l'émission. L'occasion aussi, pour M6, d'inculquer à ces jeunes partis de rien ­ comme aux téléspectateurs ­ les vraies valeurs du turbin : discipline, ponctualité (lire ci-dessous). «T'as pas de volonté ! T'es un loser !» hurle le prof. Suivi d'un plan de coupe terriblement efficace sur un couteau qu'on aiguise, et d'une voix off à la sauce Capital : «Rigueur et discipline, c'est la réalité du monde des cuisines.» Un apprenti se coupe un doigt ? «C'est le métier qui rentre !» Les jeunes prouvent à leurs parents qu'ils ne sont pas des «bons à rien», les copains de cage d'escalier sont fiers du pote «qui a trouvé sa voie». Un prof résume : «Pour réussir, c'est trois mots : travail, travail, travail.»

Le patronat de l'hôtellerie-restauration se réjouit. «Quoi qu'on pense de l'émission, rigole André Daguin, président d