«Déverrouiller l'économie». Voilà le slogan qu'Hervé Gaymard, ministre de l'Economie, aime répéter. «On a choisi de s'attaquer à des microréformes, qui n'excitent que 300 spécialistes du secteur mais qui ont un vrai potentiel de croissance et d'emplois», dit-on dans son entourage. Ce matin, lors de sa présentation des grandes lignes de sa politique économique, Hervé Gaymard devrait annoncer, entre autres, «l'ouverture d'un chantier de réflexion», pour libéraliser certaines professions dont la réglementation serait un frein à l'emploi. Vendredi, il a reçu à Bercy les deux économistes Francis Kramarz et Pierre Cahuc, auteurs du rapport «De la précarité à la mobilité: vers une sécurité sociale professionnelle». Entretien avec Francis Kramarz, professeur chargé de cours à l'Ecole polytechnique.
Vous réclamez la libéralisation de certaines professions: cafetiers, coiffeurs, taxis... En quoi bénéficierait-elle à l'emploi?
La France manque de mobilité: on protège trop l'emploi existant au détriment de l'emploi futur. Or, sur un marché, les plus innovants, les plus productifs, sont les nouveaux arrivants. Le transport routier de marchandise, libéralisé en 1986, est un exemple parlant: avant, le nombre d'emplois progressait de 1,5 % par an. Avec l'ouverture du secteur, les prix ont baissé, les demandes se sont donc multipliées et l'emploi a crû de 6 % par an. Un cercle vertueux s'enclenche qui ne profite plus seulement aux gens «en place».
Mais ce secteur a souffert de la précarité...
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