Menu
Libération

Bataille de chiffres sur les reclassements

Article réservé aux abonnés
La direction annonce 18 personnes sans emploi. Les salariés parlent, eux, de 90.
publié le 10 février 2005 à 0h29

Laurette Labarre raconte son histoire, de l'amertume dans la voix. Licenciée de Wolber en 1999, elle s'était portée volontaire avec son compagnon pour bouger et occuper un autre emploi chez Michelin. Lui a trouvé un poste à Clermont. Elle n'a jamais été réembauchée dans le groupe. Comme tous les salariés licenciés, elle a reçu début janvier une lettre proposant d'étudier sa situation pour voir si elle pouvait prétendre à un emploi à la Manufacture. «J'ai renvoyé une lettre gratinée, dit-elle. On se moque de nous, c'est pour cela qu'il faut que la justice nous donne raison.» Son compagnon a donc retrouvé un emploi. Mais, «deux ans après, j'ai été prié de prendre un plan de départ volontaire, à 55 ans.» Embauché chez Michelin à 21 ans, «dès la sortie de l'armée», il n'a connu que le groupe. «A Orléans, j'ai fait la fermeture du site. Je suis parti à Soissons. On a de nouveau fermé et je suis parti à Clermont, en vendant la maison. Pour finalement être mis en retraite prématurément.»

L'histoire des Labarre est minimisée par Michelin. Qui explique que, malgré ses appels à la mobilité, seules 37 personnes sont parties dans une autre usine du groupe. Michelin, juste après avoir supprimé 7 500 postes en Europe, a relancé les recrutements, près de 1 000 par an. Mais avec des profils très éloignés de ceux des anciens de Soissons. «Quelques femmes travaillent de nuit en Vendée, note une ex-salariée. Mais ce n'est plus de mon âge...»

Michelin affirme avoir mis sur la table près de 2 mill