Elle était la seule femme à diriger une entreprise du Djia, l'indice des trente valeurs vedettes de Wall Street. Longtemps décrite comme «la femme la plus puissante du monde américain des affaires», la PDG de Hewlett-Packard, Carly Fiorina, a été brusquement débarquée hier de son poste par un conseil d'administration en désaccord avec sa stratégie. Un limogeage apprécié par la Bourse : dès l'ouverture hier, l'action HP bondissait de 8,64 %. Le directeur financier, Robert Wayman, trente-six ans de maison, devient directeur général (CEO) par intérim, le temps de remplacer «la radicale», comme l'avait surnommée l'hebdomadaire Business Week.
Autoritaire. Il faut dire que, au cours des cinq ans qu'elle a passé à la tête de HP, Carly Fiorina ne s'est pas fait que des amis. Très autoritaire, cette ancienne de Lucent et d'ATT a provoqué un véritable séisme chez le doyen de l'informatique américaine et a allégé au passage HP de 17 000 feuilles de paie. Venue «réinventer HP», cette Texane, fervente partisane de Bush, a mis fin à une organisation très décentralisée et a fusionné les activités grand public en deux pôles, l'un dédié aux ordinateurs, l'autre aux imprimantes et à l'image numérique. Le rachat de Compaq en 2002 pour 20 milliards de dollars après une lutte féroce qui l'oppose à Walter Hewlett, fils d'un des deux cofondateurs constitue sans doute l'électrochoc qui a déstabilisé Fiorina : le rachat devait permettre à HP de ravir à IBM le leadership des services informatiques