Clermont-Ferrand, envoyée spéciale.
Peut-on obliger un groupe à reconstruire une usine qu'il a fermée ? La question posée hier au tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand par une centaine d'ex-salariés de l'usine de pneus de vélo de Soissons va certainement embarrasser les juges. Fort des décisions des prud'hommes de Soissons en novembre dernier et de la cour d'appel d'Amiens, l'avocat des salariés, maître Philippe Brun, demande ni plus ni moins à la justice d'ordonner la réimplantation à Soissons de l'usine fermée en 1999. Un «procès en relocalisation» inédit.
Détruite. L'avocat et les salariés souhaitent que la justice aille au bout de ses raisonnements : en novembre 2004, le conseil des prud'hommes de Soissons ordonne à Michelin, maison mère à 99,7 % de Wolber, de réintégrer les salariés. Puisqu'elle considère que les conditions pour licencier n'étaient pas réunies et que le plan social proposé aux salariés était insuffisant. A Michelin de leur redonner un emploi, comme s'ils n'avaient jamais été licenciés. Depuis 1993, la jurisprudence permet ces «réparations matérielles», quand elle considère qu'une entreprise a fraudé sur le plan social. En novembre 2004, la cour d'appel de Versailles a ainsi imposé à Alcatel de redonner un salaire et un travail à 800 personnes licenciées en toute illégalité.
Mais, chez Wolber, l'affaire se corse. L'usine n'est pas vide, elle est tout simplement détruite depuis 2001. En novembre 2004, la décision des prud'hommes a donc soulagé les