Dans les petits locaux de la mission locale de Massy (Essonne), la file d'attente s'est allongée. Depuis un an, de plus en plus de jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ont piétiné pour consulter les petites annonces ou obtenir un rendez-vous avec un conseiller. Et les chômeurs diplômés, qu'on n'avait pas vus depuis 2001, sont revenus. «Quand on voit débarquer ces bac + 4, nos grands discours sur la formation en prennent un coup», soupire David Jacquet, responsable de la mission locale qui accompagne les jeunes dans leur recherche d'emploi.
2004, année de crise : «Dès septembre, nous avions épuisé toutes les places en formation subventionnée que nous pouvions proposer», explique David Jacquet. Chaque semaine, quinze nouveaux jeunes chômeurs arrivent à la mission locale. «Vu l'attente pour avoir un rendez-vous, seuls les plus motivés restent : depuis le retournement de cycle de 2001, nous avons "perdu" le public le plus éloigné de l'emploi. Et avec la décentralisation, les aides aux dispositifs d'insertion ont diminué.»
Il y a encore cinq ans, les conseillers proposaient aux non-qualifiés d'entrer dans l'industrie. «Ça leur permettait déjà de vivre, mais aussi de se construire, d'avoir une première vision du travail», explique le responsable. Mais, une à une, les industries de l'Essonne déménagent quelques kilomètres plus loin, au-delà de l'Ile-de-France, où les prix des terrains et les taxes professionnelles sont moins élevés. Des sociétés tertiaires ou technologiques