Sociologue (1), Louis Chauvel est professeur des universités à Sciences-po Paris et chercheur à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Pourquoi le chômage des jeunes fait-il autant les montagnes russes ?
L'emploi des jeunes est bien plus lié à la conjoncture que celui des autres catégories puisque, dans le système français, les jeunes servent de variable d'ajustement : premiers embauchés, premiers débauchés. Depuis 1975, date de la première crise économique, leur chômage n'a jamais cessé de faire le yo-yo. 1985 est la date noire du tournant de la rigueur économique : 36 % des jeunes sont au chômage (2). En 1990, année d'embellie, leur chômage redescend à 19,8 %. En 1994, retour de la crise, il remonte à 35 %, avant de redescendre avec le début de la reprise, en 1998, autour de 20 % en 2002. Il y a donc de bons et de mauvais millésimes. Selon l'état de la croissance économique, le destin d'une génération change totalement : les unes doivent accepter des emplois à 1 000 euros après des mois de chômage, les autres ont une embauche six mois avant la sortie de l'école. Le marché du travail est devenu une grande loterie.
Nous sommes loin de l'idée de mérite : travaillez, ayez de bons diplômes, vous aurez un bon emploi.
Le monde économique rétribue de moins en moins un mérite véritable, lié à la qualité d'un travail, mais de plus en plus la chance de bien tomber : 1) sur une bonne année économique ; 2) d'avoir le bon diplôme au bon moment ; 3) d'être recruté par l