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Libération

Libraire à l'égyptienne

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publié le 15 février 2005 à 0h35

(au Caire)

Agnès, 38 ans, est libraire en Egypte. Elle jongle entre les exigences de la censure et les difficultés économiques.

«J'ai débuté il y a sept ans avec une librairie francophone itinérante. J'ai sillonné l'Egypte jusqu'à deux cents jours par an, d'Alexandrie à Assouan, en passant par Le Caire, une ville qui compte huit librairies francophones pour 18 millions d'habitants. L'idée était de mettre le livre à la portée de tous les Egyptiens, en faisant des petites expositions pendant quelques jours dans les écoles. Je sélectionnais une quarantaine de cartons de livres. Des cahiers d'activités, des bandes dessinées, des romans, mais pas de manuel scolaire car je voulais développer la lecture plaisir. Cela n'a pas été facile. Dans les écoles religieuses, les soeurs faisaient défiler les élèves en leur demandant de garder les mains dans le dos et en leur interdisant de toucher les livres.

Aujourd'hui, j'ai deux librairies, l'une à Alexandrie et l'autre au Caire. En tout, j'emploie cinq Egyptiens. Aucun n'était formé pour ce métier. Les Egyptiens ont un sens aigu de la hiérarchie, il faut donc ménager les susceptibilités. Comme le français n'est pas leur langue maternelle, je dois m'assurer que ce que je demande a été bien compris, je dois repasser derrière systématiquement. Du coup, difficile de déléguer. Je travaille six jours par semaine, environ dix heures par jour. Les relations humaines sont très agréables, moins stressantes qu'en France. La gentillesse des Egyptiens fa