«Ça ressemble à une démolition.» Après quinze ans de maison, cet ancien cadre dirigeant de Pechiney dit qu'il «vit très mal» la mainmise du canadien Alcan sur l'ex-fleuron de l'aluminium français, depuis son OPA réussie de l'été 2003. Poussé dehors, en 2004, comme la quasi-totalité du comité exécutif de Pechiney, il dit continuer à se tenir au courant. Il revoit les anciens, passe des coups de fil à ses collaborateurs restés dans le groupe. «L'ambiance est détestable, les Canadiens sont en train de tout casser», soupire-t-il. Amertume ? Sûrement. Mais on retrouve souvent les mêmes mots quand on interroge des ex-dirigeants, des cadres encore en poste, ou des syndicalistes. «Les Canadiens passent en force en refusant d'intégrer la culture française de Pechiney. C'est une énorme erreur stratégique qui se soldera par un échec», prédit François Hommeril, de la CGC.
Ce matin à Paris, les syndicats de l'ex-Pechiney ont rendez-vous avec la direction du groupe, pour la tenue d'un bureau du comité européen. «Cela fait trois mois que l'on se bat pour que la direction accepte de faire le point sur les restructurations en cours», affirme Claude Verdier, délégué central de la CGT.
«Question de jours». Tous les syndicats français dressent le même diagnostic : depuis la mainmise des Canadiens, le dialogue social à la sauce Alcan s'est réduit à sa plus simple expression. «Il n'y a plus aucune communication avec les organisations syndicales. On est toujours mis devant le fait accompli des annon