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Libération
Portrait

Le syndicaliste muté à la direction

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publié le 21 février 2005 à 0h40

Quand Jacques Khéliff s'est rendu à son entretien d'embauche chez Rhodia, il est arrivé en retard. Il a accepté l'invitation à déjeuner de Jean-Pierre Tirouflet, à l'époque PDG du groupe d'industrie chimique, en lui répondant : «Quand j'étais syndicaliste, nous nous sommes suffisamment affrontés, alors pourquoi pas se rencontrer pour un déjeuner ?» Lors de cette rencontre, il a balancé à son futur employeur : «Votre entreprise n'est pas au mieux économiquement et vous n'avez pas que des amis.» Malgré son passé de syndicaliste qui avait «des choses à dire», Jacques Khéliff s'est fait débaucher par le patronat. Un casting anticonformiste pour un poste qui l'est tout autant. L'ancien leader de la CFDT chimie est devenu, en 2002, le monsieur Développement durable de Rhodia, en lien direct avec le président.

Quand il parle de sa «vie d'avant», Jacques Khéliff conjugue au présent. Pour évoquer les conflits, des expressions telles que «fichus patrons» ou «se mettre sur la tête» lui échappent parfois. Des formules plus souvent prononcées en bleu et chaussures de sécurité qu'en costume cravate et souliers vernis. A 17 ans, son CAP de mécanique générale en poche, il découvre à Mulhouse le syndicalisme à l'ancienne, celui qui fait du raffut. «Quand le chef appelle au rassemblement, il monte sur un établi et tape avec sa clé sur une boîte à outils. Tous les ouvriers écoutent.» A 19 ans, il devient délégué syndical CFDT chez Rhône-Poulenc. A 100 % au syndicat à partir de 1984, il entre au