Bruxelles (UE), de notre correspondant.
La proposition de Jacques Chirac de taxer le kérosène utilisé par les avions afin de financer la lutte contre le sida en Afrique ne suscite pas l'enthousiasme de la Commission européenne. Lancée par le chef de l'Etat lors du Forum de Davos, le 26 janvier, formalisée lors du G7 Finances de Londres le 6 février, cette idée n'est soutenue que par quelques pays, dont l'Allemagne et le Luxembourg, qui assure la présidence de l'Union. Pendant le Conseil des ministres de l'Economie de l'Union, jeudi dernier, la plupart des grands argentiers ont fait connaître leurs réticences (Grande-Bretagne, Irlande, Lettonie, Pays-Bas, Finlande, etc.). Le commissaire aux Transports, le Français Jacques Barrot, s'était dit voici quelques jours «très réservé». Manifestement sensible à l'argumentation des compagnies aériennes, il détaille ici sa position. Au nom de leur compétitivité, il oppose une fin de non-recevoir polie à Chirac et à Schröder, en suggérant un recours à une taxation sur les transactions financières ou les ventes d'armes qui n'ont, elles, aucune chance de voir le jour.
Pourquoi si peu d'enthousiasme ?
Je suis très prudent pour trois raisons. D'abord, nous sommes en pleine restructuration du secteur aérien en Europe : il faut donc faire attention au moment où nous introduirons une telle taxe, si on doit le faire. Ensuite, il ne faut pas que les Européens se retrouvent en situation d'infériorité vis-à-vis des compagnies américaines qui, elles, é