En quelques mois, la justice vient d'attester de l'intérêt des réintégrations des salariés après un licenciement injustifié. Au moment où la réforme des licenciements économiques du gouvernement vise à rendre impossibles de telles réintégrations. Ces décisions, difficiles à prendre pour les juges, sont surtout douloureuses à accepter pour les entreprises. Pour les juges, il s'agit de sanctionner, des années après les faits, un non-respect flagrant du droit du travail et des règles encadrant les licenciements. Prononcer une réintégration, c'est dire à l'entreprise : il ne s'est rien passé, les salariés sont réputés avoir toujours travaillé à leur poste. Même s'ils ont retrouvé un emploi entre temps. La sanction symbolique et très forte appliquée depuis la jurisprudence Samaritaine de 1993 permet, selon un juriste, «de vraiment faire respecter l'ordre public social».
Le patronat a toujours combattu les rares réintégrations prononcées. Surtout une des dernières pour les ex-salariés de Wolber-Michelin à Soisson, en novembre (Libération du 10 février). La décision est intervenue près de cinq ans après les faits et, depuis, le site avait été détruit. Le gouvernement a donc souhaité mettre fin à ces jurisprudences qui embarrassent les entreprises. En proposant qu'à la place, en cas de reconnaissance de fraude au licenciement, les juges règlent les litiges par de fortes indemnités, en dommages et intérêts.
A la lueur de ces changements récents, les affaires Alcatel ont un goût de reva