Jean-Claude Ameisen est professeur d'immunologie au CHU Bichat et à l'université de Paris-VII, président du comité d'éthique de l'Inserm. Il a contribué de façon majeure à la découverte du rôle des phénomènes de mort cellulaire programmée dans les maladies et au cours de l'évolution du vivant. Il a publié en 2003 la Sculpture du vivant, le suicide cellulaire ou la mort créatrice (Seuil).
Qu'est-ce qui a changé, ces dernières années, dans notre connaissance du vieillissement ?
Le vieillissement apparaît aujourd'hui comme un phénomène universel, dont l'origine est probablement aussi ancienne que celle de la vie : il touche aussi bien les animaux et les plantes que les levures et les bactéries (lire ci-contre). On ne le voit plus comme un phénomène passif d'usure, semblable à celui d'une falaise. On sait aujourd'hui que les êtres vivants se déconstruisent et se reconstruisent en permanence, et que la manière dont ils répondent aux dégâts provoqués par leurs activités et par leur environnement dépend de leurs capacités à s'autoréparer. Cependant, la durée de vie maximale de chaque être vivant semble résulter d'un compromis entre cette capacité à se réparer et une capacité à se reproduire : ce qui nous fait vieillir et disparaître est probablement ce qui nous a permis de naître. Toutefois, des expériences sur l'animal ont montré que cet équilibre est modifiable et que la durée de vie naturelle peut être allongée d'au moins un tiers par un changement de l'environnement, de l'alimentation, ou d'un gène.
L'espérance de vie humaine ne cesse de s'allonger. Peut-on prévoir une limite biologique à cette croissance ?
Grâce à l'amélioration des conditions de vie et à la médecine, l'espé