Avignon envoyé spécial
C'est une feuille de salade engoncée dans un bocal, avec un petit tuyau, des capteurs et des machines pour mesurer les échanges gazeux. «Elle respire», indique avec tendresse Frédéric Carlin, microbiologiste à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). A la branche avignonnaise de l'organisme de recherche, cela fait bien longtemps que l'on mesure la respiration des salades. Ce type de travaux intéresse tout à la fois les chercheurs et l'industrie : c'est grâce à la connaissance intime du souffle de la laitue et de la batavia que les Florette ou Bonduelle ont pu développer les salades en sachets et gonfler leurs marges.
Trauma. Marier recherche, industrie et formation : comme un peu partout en France, un groupe de professionnels de la région d'Avignon a décidé de participer au rush sur les labels «pôle de compétitivité» que le gouvernement s'apprête à décerner pour distinguer les zones d'excellence technologique du pays. Avec aides fiscales en bonus. Ici, on s'autoproclame «pôle européen d'innovation fruits et légumes». Des soupes Liebig aux chambres d'agriculture, d'Auchan à l'université d'Avignon, les volontaires du cru ne manquent pas pour soutenir cette candidature.
«Il faut que cette filière s'axe sur la valeur ajoutée et l'innovation, sinon la Roumanie ou la Grèce vont nous faire disparaître et on se retrouvera à gérer des jardins», plaide Yves Bayon de Noyer, patron des plats cuisinés Agis et à la tête du comité de pilotage du projet. A