Saint-Auban envoyé spécial
Un cercueil en carton posé sur l'épaule, les salariés de l'usine Arkema de Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence) ont marché lentement jusqu'à l'entrée du village, à la tête d'un cortège d'un bon millier de personnes. Dans la semaine, tous avaient reçu un faire-part de José Escanez, le maire (DVG) de Château-Arnoux-Saint-Auban, les invitant à se rassembler samedi matin au centre du village pour suivre ce simulacre d'enterrement, symbole des presque 400 emplois que le groupe Total veut supprimer sur le site d'ici à l'été 2006. A la fin de la cérémonie, José Escanez, entouré d'une vingtaine de ses collègues des communes voisines, a dévoilé une plaque «en l'honneur de Thierry Desmarest», le patron du groupe pétrolier, accusé de «tuer l'emploi» dans cette région ultradépendante de son industrie chimique.
«Soyons sérieux !» Depuis un mois qu'ils savent à quoi s'en tenir 380 suppressions de postes sur un effectif global de 725 personnes , les salariés d'Arkema Saint-Auban se battent pour convaincre leur employeur de renoncer à son projet. Surtout depuis l'annonce du bénéfice record engrangé par Total en 2004. «Avec plus de 9 milliards d'euros dans les caisses, comment voulez-vous qu'on accepte ce plan ?» interroge le maire de Château-Arnoux-Saint-Auban, lui-même ancien salarié de l'usine. «Parce qu'on a perdu 20 millions d'euros en 2003 et qu'on n'a pas gagné d'argent en 2004 ? Allons, soyons sérieux !» José Escanez soupçonne Total d'avoir volontairement