Nomain envoyé spécial
Au Salon de l'agriculture, les éleveurs ne parlent que de «ça», au point de douter de la future Constitution européenne: la crainte des conséquences de la réforme de la politique agricole commune (PAC) adoptée en 2003 occupe tous les esprits. Sur le terrain, les laitiers, directement concernés par cette réforme, font leurs comptes.
La onzième baisse des prix du lait en trois ans, annoncée le 26 janvier, n'a pas surpris Antoine Jean, 39 ans, éleveur laitier installé sur 30 hectares à Nomain (Nord) et élu de la Confédération paysanne. «On nous paie 300 euros la tonne pour la meilleure qualité, soit moins 30 euros par rapport à 2002, année de référence», constate cet habitué de la calculette.
«Entre eux». Ce matin-là, les trente-huit vaches prim'holstein noir et blanc de son cheptel ruminent leur fourrage, bien à l'abri du gel dans l'étable. Pas comptables pour un sou des déconvenues de leur patron. «Les responsables de ce manque à gagner, c'est la réforme de la PAC et les négociations qui ont lieu à l'interprofession laitière entre la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, les coopératives et les industriels qui fixent entre eux les tarifs du lait», explique patiemment ce gaillard en pull rouge.
Des tarifs laitiers pris dans une spirale infernale. La réforme de la PAC a notamment supprimé certaines subventions à l'exportation, qui soutenaient le marché. Les éleveurs craignent aussi la fin des quotas laitiers, envisagée par la Commission p